Aujourd'hui, comme à la fin des années 1880, on trouve toujours quai de Valmy, à Paris, le long du pittoresque canal Saint Martin, l'entreprise Carré. Bien sûr , elle a changé. A l'époque , les péniches acheminent les matériaux jusqu'au quai. Dans l'entrepôt du fondateur Ernest Carré, c'est tout d'abord de la chaux à bâtir qui arrive en provenance de la fabrique de son père à Chaumont-Sur-Loire. S'y ajoutent ensuite le plâtre, le ciment, les briques, les tuiles et différents matériaux destinés à la fumisterie (activité liée au chauffage), la grande spécialité de la maison. Si les carreaux d'Auneuil et de Beauvais avec leurs fins motifs bleus et rouges figurent déjà sur les listes de tarif à la fin du XIX siècle, il faut attendre la troisième génération et l'arrivée de Roger Carré pour voir le négociant s'orienter vers un marché promis à un bel essor, celui de la céramique décorative. Un pavillon lui est consacré à l'Exposition Universelle de 1937 et Carré reçoit une médaille d'argent pour le décor du hall réalisé avec ses produits par Jean Royère.
Dans les années 1950, le secteur de la décoration est définitivement adopté par Jean Michel Carré qui abandonne les matériaux de construction de base. Les carrelages de sol en terre cuite traditionnelle reviennent à la mode. Dans les cuisines et salles de bains, les carreaux en grès et faïence décorés commencent à faire un tabac. Puis en 1963, Jean Michel Carré rencontre Roger Capron, le céramiste de Vallauris. De sa collaboartion avec Carré naît une collection de carreaux en grès promise à un immense succès. A la vocation commerciale et d'édition de ses débuts, Carré a entretemps ajouté la maîtrise de la fabrication grâce à l'acquisition d'usines. Le rachat d'unités de production comme celle d'Orriule, permet à l'entreprise centenaire de profiter de leur savoir-faire et de garantir la fabrication de de produits très authentiques...
A Orriule, on continue à pratiquer la double cuisson, à très haute température, et suffisamment longtemps pour obtenir de belles nuances.